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L’art subtil de l’écoute profonde

  • Photo du rédacteur: François Thouret
    François Thouret
  • 13 juin
  • 3 min de lecture

L'écoute profonde représente bien plus qu'une simple perception auditive. Elle est une compétence fondamentale qui transforme la manière dont les individus interagissent avec eux-mêmes et avec les autres.


L’ouïe est un sens, mais l'écoute est un art. Elle exige une présence, une quiétude intérieure, une ouverture et une attention consciente à ce que l'autre communique par son corps, sa parole et son silence. 


L'écoute profonde implique d'aller au-delà de la surface de ce qui est entendu. Il s'agit de comprendre pleinement sans se précipiter pour commenter, poser une question pour essayer de comprendre ou donner un conseil pour aider. 

Cette distinction est essentielle, car elle élève l'écoute profonde d'une simple fonction passive et réactive à un engagement actif, intentionnel et interpersonnel profond. 


L'importance de l'écoute profonde dans les relations humaines est considérable.

Elle favorise un climat de confiance et une connexion sociale authentique, encourageant une réflexion plus profonde et une ouverture à de nouvelles perspectives.


Elle constitue un outil puissant d'auto-connaissance et d'auto-acceptation pour une plus grande clarté dans la relation à soi-même. C’est une condition indispensable pour améliorer les relations avec autrui. 


La mise en lumière de ces bénéfices justifie ainsi de cultiver l’art de l'écoute profonde, comme une compétence vitale pour le bien-être individuel et l'harmonie collective.


Le Woaching est un espace particulièrement propice à cultiver l’écoute profonde. 

Lors des temps de marche dits « en bulle »  (où deux personnes marchent côte à côte, l’une écoutant, sans parler, l’autre qui s’exprime à haute voix), les ingrédients essentiels à l’écoute profonde sont rassemblés.

  • La pleine présence : c’est le cœur même de l'écoute profonde. Elle est favorisée par la déconnexion de son quotidien et la connexion à l’instant et au lieu présent (la nature) par laquelle commence toute expérience de Woaching;


  • Le non-jugement : favorisé naturellement par l’écoute sans parler du tout, en marchant côte à côte, sans perception du langage corporel de l'autre qui pourrait exprimer une approbation, une surprise, une émotion, un jugement;


  • L’ouverture et la réceptivité : favorisée par le fait de ralentir, de marcher au calme en permettant aux silences de s’exprimer.


Ces caractéristiques fondamentales constituent le socle de l'écoute profonde, la distinguant des formes plus superficielles qui tournent à la conversation. Elles mettent l’accent sur la disposition interne de l’écoutant. Ce dernier doit accepter de temporairement « disparaître » ou de suspendre son propre ego et ses préjugés pour se connecter véritablement à l’autre. Cette auto-suspension n'est pas une perte de soi, mais une condition nécessaire à une réceptivité et à une compréhension authentiques. La suppression active du soi (ego, biais, idées préconçues) n'est pas un vide, mais elle crée un espace permettant à l'écoutant de véritablement "recevoir" la réalité de l'autre sans distorsion, conduisant à une connexion plus profonde et authentique.

C'est un paradoxe : en se mettant temporairement de côté, on devient plus pleinement présent pour l'autre, enrichissant finalement les deux parties.  


Les métaphores sont des outils puissants pour exprimer la complexité de l'écoute profonde, en révélant ses dimensions relationnelles, intérieures et transformatrices.

  • Le « vase réceptif » : être un « vase vide » ou « boire les paroles » consiste à absorber sans réagir sur le moment, à laisser de l’espace pour ce qui est dit, et à s’imprégner du message de l’autre.

  • La « Sage-Femme des pensées » : la méthode de Socrate, appelée « maïeutique » ou « art de l’accouchement » suggère que l'écoutant aide l'orateur à "mettre au monde" ses propres idées et sa propre compréhension, agissant comme un facilitateur.


  • Le « miroir » :  créer un effet miroir permet à l'orateur de ressentir ses propres pensées reflétées, gagnant ainsi en clarté et en perspective. L'expression « un miroir embué ne peut pas refléter avec précision »  implique que la clarté interne de l'écoutant est essentielle pour un reflet fidèle.


Ces métaphores transmettent avec force la nature dynamique, de soutien et transformatrice de la relation d'écoute profonde. La « Sage-Femme des pensées" et « l’effet miroir »  soulignent un aspect crucial de l'écoute profonde.


Il ne s'agit pas pour l'écoutant de comprendre l'orateur, mais de permettre à celui-ci de se comprendre lui-même.

L'écoutant agit comme un catalyseur, créant un espace sûr et réflexif où l'orateur peut accéder à sa propre sagesse intérieure et à sa clarté. Cela va au-delà de la simple empathie ou compréhension. L'écoutant, par sa présence profonde et sa réflexion « non-jugeante », crée une boucle de rétroaction externalisée unique pour l'orateur. Cela permet à celui-ci de « s'entendre» plus clairement, de traiter ses propres pensées et émotions, et finalement d'acquérir une meilleure connaissance de soi et de trouver ses propres solutions. C'est un processus de codécouverte où la réceptivité de l'écoutant libère les ressources internes de l'orateur. 


Cela suggère que le but ultime de l'écoute profonde n'est pas de recueillir des informations ni de fournir du réconfort, mais de donner à l'orateur les moyens d'atteindre une plus grande autonomie et une meilleure conscience de soi.

C’est le cadeau que l’écoutant fait à celui qui parle, en l’écoutant profondément, sans parler. 




1 Comment

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Adeline
Jun 21
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Très très beau texte sur l'écoute, cela m'a replongé dans mon expérience avec woaching car effectivement ce moment de marche "en bulle" m'a profondément marqué et fait grandir. Magique et pourtant si simple ! Merci

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